« Qu’est-ce que le Temps ? Quelle est cette chose mystérieuse dont il semble pourtant que nous soyons les architectes, au point que, selon l’état de notre conscience (notre ennui, une attente, un plaisir), il s’allonge et se rétrécit, passe avec une extraordinaire rapidité en situation de demi-veille, et disparaît même dans le sommeil ? Dans l’espace on peut voir les choses placées les unes à côté des autres ; dans le temps, c’est impossible. Mais on sent venir les choses ou les événements, les uns après les autres. On sent, on vit leurs avènements successifs, leur “orientation”. Précisément, pour les êtres qui changent, les êtres qui vivent, le temps est ce qui leur permet de sentir, ce qui fait exister pour eux la série successive des événements qui constituent leur vie ; le temps et la vie sont une seule et même chose. Le temps est notre propre vie, le déroulement de notre vie propre et, donc (pour l’individu comme pour l’humanité), notre propre histoire. »
Guiseppe Rensi, La Philosophie de l'absurde
Voilà. Inutile de commenter sur des dizaines de ligne cette citation de Giuseppe Rensi, tout est dit. Nous vivons le temps qui fluctue et passe tantôt à la vitesse de l’éclair, tantôt à la lenteur de l’escargot. Ce temps que nous décrit le philosophe italien est le temps que nous expérimentons tous, c’est notre temps intérieur, subjectif ; c’est l’expérience du temps vécu qui me donne envie de me jeter avec fougue dans ce qui me passionne, et de fuir les tâches ingrates. Ce temps n’est absolument pas linéaire, c’est l’expérience de notre vécu quotidien et c’est ce qui nous fait dire “oh ça passe vite !” ou encore “qu’est-ce que c’est long…”. Ce temps subjectif, qui est propre à chacun d’entre nous est le temps dont nous nous rappellerons, le temps de notre vie.
"Il existait comme ça toute sorte de ruses pour surmonter le désert, cette étendue uniforme de temps qui vous attendait au saut du lit, et pour de bon, jusqu’à la retraite. Hacine avait compris ça. Son temps ne lui appartenait pas. Mais il était toujours possible de duper l’horloge. En revanche, il ne pouvait rien contre cette évidence : d’autres volontés que la sienne dictaient leurs règles à son corps. Il était devenu un outil, une chose. Il bossait."
– Nicolas Mathieu, leurs enfants après eux -
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