2 69 05 49 588 157 80. C'est vous. Vous êtes aussi le FR 12 49581 39481 9039401A012 01. Ou encore le 394850D EIR 34. Tous ces numéros ont quelque chose en commun, ils vous identifient. C'est vous qui existez à travers ces multiples suites de nombres et de lettres, que ce soit la sécurité sociale, votre banque ou encore les impôts, tous vous donnent un identifiant numérique qui vous symbolise.
“La vérité est que les sociétés modernes ont besoin d’autres formes de représentation d’elles-mêmes, sans doute moins directement compréhensibles, mais plus adaptées à leur organisation et à leurs complexités effectives.”
— Olivier Rey, Quand le monde s'est fait nombre —
L'avènement des ordinateurs a permis ensuite de traiter ces nombres, et de les analyser à grande échelle via des programmes statistiques complexes afin de faire des prédictions diverses sur ces derniers. La révolution advenue par les NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) a permis une multiplication exponentielle de la donnée, et le phénomène d'assimilation d'individus à la donnée n'a fait que s'amplifier. De plus, la possibilité de récolter de plus en plus de métadonnées, de pouvoir les traiter, et le perfectionnement des algorithmes a produit un cercle vicieux/vertueux qui a agit comme caisse de résonance dans ce fonctionnement. On s'est mis à tout quantifier, à tout mesurer, à tout prévoir. L'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), qui publie les statistiques officielles en France a par exemple été créé en 1946. Mais cette tendance qui s’est amplifiée a fait prendre corps à de vieux fantasmes humains. Avec le traitement des données, la volonté de tout vouloir rendre statistique, de tout essayer de prévoir, de tout essayer de contrôler, c'est le démon de Laplace qui ressurgit, cette intelligence qui en connaissant l’état du monde à un instant t, et en connaissant la valeur des variables de cet état permettrait de prévoir tout état du monde successif. Le monde serait à saisir par la statistique, il faut modéliser le plus parfaitement possible notre monde pour pouvoir prévoir et contrôler. Minority Report nous faisait rêver d’un futur où les crimes seraient prédits grâce aux précogs, c’est aujourd’hui devenu réalité…
“Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. ”
— Pierre Simon de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités—
“Les chiffres sont comme les gens, si on les torture assez on peut leur faire dire n’importe quoi. ”
— Didier Hallépée, Nombre en folie - les divagations d’un mathématicien fou —
“La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.”
— Joseph Staline —
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16h28, vous vous approchez du camion de glace avec votre enfant et l’appel du sucre prend le dessus puis la douce mélodie commence “Achète-moi une glace, dis, achète moi-une glace et caetera, et caetera”. 17h12, après avoir craqué vous cherchez l’itinéraire pour rentrer chez vous sur Google Maps et un pop-up vous rappelle l’évènement passé… “Pour continuer, activez la localisation de l’appareil, qui utilise le service de localisation de Google.”
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